Ana me tient la main...

Au commencement...

A mon tour de passer sur le divan thérapeutique de la blogosphère pour me libérer un peu et me pousser à analyser ma situation..

Mon problème

Je ne me considère ni réellement boulimique, ni réellement anorexique. Je ne sais pas du tout où j'en suis, mais j'ai clairement un problème avec la nourriture, avec mon corps, mon image et mon estime de moi-même.

Sans en connaître la raison, je suis omnibulée par l'opinion que l'on se fait de moi. J'ai un terrible besoin (assez malsain p-e dans un sens) que l'on m'aime, que l'on m'apprécie.. Je suis moi, j'ai mon caractère, ma personnalité, mes goûts et mes avis que j'assume pleinement. Mais j'ai une espèce d'angoisse lotie au fond de moi en permanence que les gens aient une mauvaise image de moi, me collent des étiquettes péjoratives.. Je m'inquiète en permanence d'être appréciable, de donner aux gens ce qu'ils attendent de moi.. Et je me monte la tête à me faire des théories sur ce qu'ils pensent de moi.. sauf que je ne vois en général que le négatif.. et ce négatif, je ne le supporte pas, c'est à m'en rendre malade.. Ca me prive de toute l'insouciance que j'avais avant..
Avant quoi ?
Là encore, c'est assez vague..

La source

Je ne prétends pas expliquer ce qu'il m'arrive par cela mais il est certain que j'ai vécu une période assez rude il y a un peu plus de 2 ans..

Rien d'une ampleur telle qu'un abus sexuel très souvent source de tca mais mes nerfs ont toutefois soumis à une épreuve à laquelle ils ne s'étaient pas préparés. Je n'ai franchement pas envie de rentrer dans les détails surtout car j'estime que ça rentre trop dans la sphère de ma vie privée mais en résumé : à 19 ans, j'apprends du jour au lendemain que mon père est très malade et qu'on ne sait s'il va survivre.. S'en suivent des mois de chimio avec tout ce que cela implique, et moi totalement démunie... veillant sur lui autant que de possible, le regardant dormir avec inquiétude, lui faisant à manger, avec les larmes qui ne peuvent s'empecher de monter voyant que de jour en jour à peine qqs bouchées finissaient effectivement dans son estomac.. Et tout ça bien sur contenu à 300% à l'intérieur de moi pour paraître forte devant lui.

Je pourrais en parler des heures mais je vais me limiter à ça pour l'épisode "je pleure sur mon sort", bien des gens connaissent des choses bien pires, bien des gens perdent leur parent à un âge bien trop précose..

Tout dépend aussi des circonstances, de la relation particulière, de la personnalité de chacun, tout le monde ne réagit pas et ne gère pas ce genre de choses de la même façon.. Je ne cherche pas du tout à faire pleurer les gens sur mon sort, c'est la vie et je l'accepte mais toujours est-il que ça m'a marqué très fort. A une époque où je commençais à prendre réellement mon indépendance et m'épanouir dans une nouvelle vie, ça m'a "coupé les ailes en plein vol".. J'trouve que l'image correspond bien même si ça sonne un peu mélo..

A la suite de tout ça, mon système nerveux s'est effrité petit à petit jusqu'à un gros pétage de cables environ un an plus tard.. J'ai été soignée par des antidépresseurs qui sont venus à point nommé.. Ni trop tot, ni trop tard. Je faisais des crises de panique, des crises de nerfs pour la moindre contrariété (càd presque tous les jours) avec cris, pleurs, problèmes pour récupérer ma respiration, complètement oppressée, comme possédée... Début de dépression d'après le doc.. J'ai vraiment ressenti à ce moment que je ne pouvais m'en sortir seule.. Et je dois avouer que ça m'a soignée correctement..

Bien sûr, tout n'est pas rose tous les jours depuis tout ça et pas mal de choses ont changé dans ma vie et ma personnalité..

L'une d'elle est mon rapport avec mon corps et avec la nourriture...

Au départ simple envie de faire un vrai régime, une fois pour toute, perdre 10 kgs ! J'en avais d'ailleurs bien besoin, j'avais accumulé pas mal de kilos superflus les dernières années.. (jusqu'à 60 kgs pour 1m60) Et donc tout commence parfaitement dans le meilleur des mondes.. Un vrai régime bien sain comme il se doit : équilibre alimentaire et sport.. Je perds les 6 premiers kgs tranquilou pèpère en 2 mois environ..

Petit à petit, ce régime s'est transformé en obsession... en pétage de cable qd je ne perdais plus malgré mes efforts..

* * *

Les TCA

Je ne sais plus trop qd mais qqs mois après, j'ai commencé à faire des crises de boulimie vomitive.. Ensuite période de démotivation, puis remotivation.. puis très forte remotivation... Le jour de Noël 2006, j'ai atteins pour la 1ere fois 53kgs pile.. Poids plus fait depuis mes 15 ans je crois (j'en avais 21 à ce moment). J'ai senti pour la 1ere fois une force toute particulière m'habiter.

L'euphorie de l'estomac vide et dur qui signifie pour qq1 de normal qu'il est temps de manger qqch et qui nous, nous fait nous sentir surpuissante, capable de tout affronter, maître de nous-mêmes, forte et plus que jamais, résolue à ne rien avaler pour laisser perdurer cet état..

J'ai compris à ce moment... après plrs jours de restriction assez dure (enfin la pure normalité pour une anorexique), alors que je savais qu'un énorme repas de Noël m'attendait.. J'ai compris à ce moment précis ce que ressentait les anorexiques, pourquoi, comment.. Une révélation dont je frissonne encore (p-e aussi pcq il ne fait pas très chaud ici ^^).. Ca peut paraître extrêmement ridicule mais j'ai même cru voir le reflet d'Ana dans la vitre devant laquelle j'étais..

Joyeux Noël, un cadeau pour la vie? après Mia, une nouvelle rencontre dans ma vie..

Sauf que Mia je la déteste, je ne veux plus en entendre parler, je la renie pour toujours, je veux qu'elle disparaisse, je l'ai chassée et je me suis trop de fois jurée de ne plus jamais la laisser revenir !

Pour terminer mon histoire, j'ai alterné des périodes avec l'une, avec l'autre, j'ai essayé de les chasser toutes les deux, j'ai vraiment essayé.. Je n'ai plus fait régime tout en essayant de rester attentive à ne pas reprendre trop de poids.. J'ai + ou - réussi, en réalité j'ai fais pas mal de yoyo entre 54 et 56 kgs..

Je devrais surement encore essayer de les combattre, d'ailleurs je ne suis pas vraiment encore atteinte. Je me sens libre de mon destin, je joue avec elles et pas l'inverse, c'est moi qui distribue les cartes, du moins c'est ce que je me plais à croire..

Spécial n'est-ce pas ? Je ne me sens pas soumise, ou si peu.. N'est-ce pas la preuve que tout va bien pour moi ?

Je suis confiante en tout cas, plus confiante que jamais, depuis qu'Ana remarche silencieusement à mes côtés..

Elle me dit de ne pas manger mais je mange qd même devant les gens. Je fais ce qu'ils attendent de moi. Certains se sont posés des questions l'année passée quand j'ai beaucoup maigri.. Ils me surveillaient, mtnt c'est fini et cette fois je ne les laisserai plus me suspecter !


Biz à tous ceux ou ttes celles m'auront lu jusqu'au bout.. Prenez soin de vous. Ana-Lou.


12/11/2007
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